Pourquoi toute cette agitation ?



 
Pelouse sèche durant une chaude journée d'été (Haute-Loire - 30 juillet 2009)



    
En visitant cette pelouse, un accouplement d'Azuré du serpolet (Maculinea arion) a été repéré (femelle au dessus) ; soudain un mâle d'Azuré de l'ajonc (Plebejus argus)   s'est mis à voler frénétiquement autour du couple... il était de façon surprenante très attiré par ce qui se passait. Les Azurés du Serpolet ont semblé plutôt dérangés par cet intrus qui n'était pas invité...
     
Le petit azuré a tenté de s'accoupler avec la femelle, recourbant son abdomen et extériorisant ses genitalia  (bien visibles sur l'image de droite). Il a fini par abandonner et par laisser les Maculinea.  Ce comportement s'explique probablement par le caractère non-spécifique des substances chimiques émises par les femelles non fécondées (phéromones), qui peuvent alors attirer les mâles d'autres espèces parfois très différentes d'aspect. Les signaux chimiques paraissent dans ce cas plus puissants que les signaux visuels lors la phase de détection et d'attirance des partenaires.Chez les papillons à moeurs nocturnes, les signaux chimiques sont les seuls permettant le rapprochement des sexes, l'attraction entre les partenaires se faisant parfois sur de très longues distances.
     
  Cette pelouse est un très bon site pour Maculinea arion et Plebejus argus. L'habitat est aussi adéquat pour les fourmis dont la présence est nécessaire pour les deux papillons.
Le Serpolet, plante-hôte de la chenille de Maculinea arion était abondant en 2009 tout comme ces grands azurés.
Des moutons sont parfois présents sur cette vaste parcelle ; ils y restent pendant une courte période, ce qui évite le surpâturage et la destruction de la végétation basse. D'un autre côté, l'action des moutons est bénéfique et évite la colonisation de la pelouse par des buissons ; ainsi, leur action apparaît positive si elle est modérée et sous contrôle.
A condition que cette pelouse reste pâturée modérément, la population du Maculinea demeurera forte ainsi que celle des fourmis qui sont indispensables au cycle biologique du papillon (les chenilles de l'Azuré du Serpolet sont des parasites obligatoires des fourmilières et ne pourraient pas survivre sans leur présence).
Si davantage de moutons étaient placés sur ce terrain ou laissés trop longtemps, tout l'habitat serait endommagé et ce papillon rare disparaîtrait de la zone. Malheureusement, la régression de cette espèce remarquable se poursuit à cause de l'ignorance de l'être humain ou de son incapacité à enrayer la destruction des milieux naturels fragiles.