Alien à l'intérieur...



Ces deux chenilles mâtures de l'Azuré de la Luzerne (Leptotes pirithous) ont été découvertes sur un massif de  Plumbago capensis (Toulon - France - Août 2010). Leur taille indiquait qu'elles étaient proches du moment de la nymphose ; elles ont donc été collectées et placées chacune dans une cage d'observation spéciale. Le but de l'opération était d'essayer d'assiter à la nymphose et de voir la chrysalide de ce Lycène.
     
    Quelques jours plus tard, une des deux chenilles a été trouvée morte. Sa dépouille montrait une petit trou ; en regardant la branche de Plumbago qui avait été placée dans la cage, mon attention a été attirée par une petit cocon en soie jaune fixé à une feuille... la conclusion était que la chenille était hélas parasitée par une guêpe parasitoïde solitaire...
Le jour suivant, l'autre chenille a connu le même sort et là aussi un seul cocon était présent comme dans l'autre cas. Finalement chacune des chenilles hébergeait une seule guêpe parasitoïde ayant entrainé sa mort après l'avoir mangée de l'intérieur.... 
Les deux cocons ont été conservés afin de voir ce qui en sortirait... 

Trois semaines plus tard, une petite guêpe est sortie de chaque cocon. Le nombre d'articles des antennes, la nervation des ailes ont permis de reconnaître un hyménoptère de la famille des Braconidae.
L'examen de ces guêpes par Mark SHAW, un spécialiste des National Museums of Scotland, a permis l'identification de Cotesia inducta (Papp).
Cette guêpe parasite d'autres lycènes dans le sud de l'Europe et a été découverte récemment en Grande Bretagne (2005) et en Irelande (2005) comme parasite de Satyrium w-album et Celastrina argiolus. D'après les spécialistes, cette guêpe n'avait jamais été trouvée dans ces pays malgré les recherches alors qu'elle est maintenant fréquemment rencontrée, ce qui suggère une arrivée récente dans les iles britanniques .

Les chenilles vertes comme celles ci-dessus sont assez faciles à trouver sur Plumbago capensis dans le secteur de Toulon; bien qu'elles soient très souvent parasitées par Cotesia inducta, je suis parvenu à en élever jusqu'au moment de l'émergence du papillon, ce qui a apporté la preuve que ces chenilles sont effectivement des larves de Leptotes pirithous.


Le cycle de vie de Cotesia inducta  est remarquable dans ce cas, car la chenille
est parasitée par un seul parasitoïde ; étant donné sa petite taille,  elle n'en aurait sans doute pas supporté plus (ce qui aurait abouti à sa mort prématurée ne permettant pas à la guêpe d'accomplir son cycle).

Chez les espèces d'hyménoptères parasitoïdes qui s'attaquent à des chenilles de plus grande taille, le nombre de larves de la guêpe est bien plus élevé et parfois le phénomène de polyembryonie apparaît : un seul oeuf est injecté dans l'hôte mais l'embryon initial se divise plusieurs fois, ce qui donne de nombreux embryons tous identiques génétiquement)