Une chenille surpeuplée




Cette chenille inerte de Melitaea didyma a été trouvée le long d'un chemin dans le Var (France, 30/07/2011). Une masse de petits cocons blancs était visible sous la larve, indiquant qu'elle avait été parasitée par des guêpes parasitoïdes (hyménoptères). La larve a été récupérée et placée dans une  boîte transparente afin d'observer ce qui allait sortir des cocons. Le 02 août 2011 et le jour suivant, des petites guêpes ont émergé des cocons...   
     
 
Emergence d'un mâle (avec un abdomen strié et foncé). La chenille, considérée comme morte, faisait encore des mouvements automatiques de temps à autres. 

 
Emergence d'une femelle (avec l'abdomen orange ; l'organe ovipositeur est bien visible à l'extrémité de l'abdomen).

 
 



 
Pas moins de 15 mâles (groupe à droite) et 43 femelles (groupe à gauche) de cette petite guêpe ont émergé des cocons. Ainsi, de très nombreux asticots s'étaient développés au sein de la chenille sans la tuer, jusqu'au moment de leur sortie (nymphose collective). Le fait qu'il y ait plus de femelles que de mâles peut être interprété comme une stratégie du parasite, permettant de compenser certaines difficultés liées au cycle de vie... les difficultés pour l'hyménoptère parasitoïde sont de trouver rapidement un hôte pour la ponte (durée de vie courte et rareté des chenilles) et le fait que le nombre d'oeuf pondus par une femelle est limité. Avec davantage de femelles, les chances pour mener à bien la reproduction de l'espèce sont augmentées...
L'examen de l'insecte a permis d'identifier une guêpe de la superfamille Ichneumonoidea, famille Braconidae, sous-famille Microgastrinae.
Dr Mark Shaw, un spécialiste du National Museums of Scotland (Royaume-Uni) a aimablement apporté son aide pour nommer cette espèce. Il s'avère que cette guêpe appartient au genre Cotesia et qu'elle est un parasitoïde spécifique de M.didyma. Elle n'a pas encore de nom d'espèce, bien qu'elle ait été appelée jusqu'à présent 'Cotesia acuminata'. Des études ADN ont prouvé récemment que le nom  'Cotesia acuminata' correspond en fait à un complexe de 4 espèces distinctes, chacune étant étroitement associée à un papillon particulier. Ainsi, l'espèce présentée ici recevra prochainement son propre nom d'espèce... à suivre...
 
     
Les mâles et les femelles se sont accouplés dans la boîte et très vite quelques femelles se sont mises à pondre dans la chenille inerte...  la femelle ici transperce le tégument de la larve avec son organe ovipositeur pour y injecter sa ponte. Dans la nature, il est probable que des chenilles nouvelles auraient été recherchées par les femelles mais ici, la seule possibilité pour elles était de réutiliser l'ancien hôte.