Une chenille qui attire les fourmis



       Lors d'un voyage dans le Valais suisse (juin 2010), j'ai aperçu ce pied de Sainfoin (Onobrychis sp.). A ma grande surprise il y avait d'assez nombreuses chenilles de Lycène sur ce pied.  Leurs couleurs étaient très similaires à celles des fleurs et les larves auraient pu facilement passer inaperçues sans la présence de fourmis à leurs côtés, qui interagissaient activement avec elles.   Ceci est un cas typique de myrmécophilie, qui est une association très élaborée entre les chenilles de certains lycènes et des fourmis.
L'identification des chenilles n'est pas absolument certaine mais elles pourraient être celles de l'Azuré des cytises  (Glaucopsyche alexi)... si toutefois un visiteur de ce site pouvait m'aider à les identifier de façon sûre je lui en serais très reconnaissant...

Les images ci-dessus montrent différentes scènes de cette association fourmi-chenille. Grâce à l'aide de Mr Claude Lebas et de son site Internet  (http://cle.fourmis.free.fr/index.html) la fourmi a pu être identifiée avec certitude : il s'agit de l'espèce Camponotus aethiops. Les chenilles avaient des tailles assez variables, de même que leurs couleurs  (verdâtres, jaunâtres, rosâtres...)
 
    Sur les vues ci-contre, une chenille extériorise brièvement ses glandes tentaculaires (voir les gros plans plus bas) ; cet instant est assez difficile à saisir avec l'appareil photo car il est très fugace. Il semble que les glandes tentaculaires libèrent des substances chimiques dans l'air qui calment les fourmis et évitent les attaques.
Lorsqu'elles stimulent les larves, les fourmis obtiennent une goutte de liquide nutritif dont elles raffolent ; sur les photographies ci-contre une fourmi absorbe la goutte émise par la glande de Newcomer de la chenille (implantée sur son dos en région postérieure).
Dans un sens, les fourmis s'occupent des larves et ne les agressent pas, tout en recevant une contrepartie.
     
     
Gros plan montrant les glandes tentaculaires éversibles de la chenille une fois extériorisées.



 
Gros plan montrant la glande de Newcomer juste avant la libération d'une goutte de liquide nutritif  (une des deux glandes tentaculaires est toujours visible); il semble que la fourmi déclenche la libération de la goutte en touchant l'arrière de la chenille avec ses antennes. Gros plan de la fourmi léchant avec avidité le liquide... fascinant...




 
     
De temps à autres, les fourmis interagissent entre-elles, comme pour se transmettre quelque chose. La plus grande fourmi ici est peut-être "chargée" de récupérer la nourriture récoltée par les fourmis-ouvrières.